Pouvez-vous nous présenter les enjeux de la révision des standards de gestion forestière durable PEFC pour la France ?
Christine de Neuville •
Tout d’abord c’est une obligation. L’amélioration continue fait partie des principes de PEFC et elle nous amène à réviser les exigences de nos standards tous les 5 ans. Depuis le lancement du Forum le 11 juin dernier, nous rassemblons dans ce processus une centaine d’acteurs, parties prenantes au sens large de la filière, répartis en 9 groupes techniques qui abordent, entre autres, des thématiques comme la planification de la gestion forestière, la préservation de l’écosystème forestier, la sécurité des travailleurs en forêt…. C’est une étape capitale pour PEFC France dans la redéfinition quinquennale des contours de la durabilité, dans l’objectif d’un avenir forestier ambitieux et partagé. Parce que le maintien de la durabilité, qui nous est indispensable, ne sera possible que si toutes les parties prenantes de la gestion forestière consentent à une indispensable collaboration. En France métropolitaine, la certification PEFC représente 5,5 millions d’hectares, soit un tiers de la surface forestière et 60% de la production. À ce titre, nous avons une responsabilité collective. Nous devons garantir des pratiques durables et il faut prendre du temps pour bien le faire. C’est la mission que porte le Forum.
Qu’est-ce que le Forum et quel est son rôle ?
Christine de Neuville •
C’est l’instance de concertation des parties prenantes de la forêt, du bois, et de la société (représentée par des scientifiques, associations environnementales, communautés éducatives, usagers de la forêt, ...) pour la définition des règles de gestion forestière durable PEFC pour les années à venir. Le Forum PEFC a pour vocation de permettre l’expression de toutes les sensibilités et enjeux de la gestion durable des forêts en France. Il fonctionne selon le principe de la recherche du consensus, sachant que le futur standard, en tant que norme, est contraint, par nature, à formuler des exigences. Toute la difficulté de cet exercice se trouve précisément là, dans ce double mouvement contradictoire entre une multiplicité d’opinions et la production d’une norme unique. Mais je ne mésestime pas la difficulté pour des forestiers d’aujourd’hui à normer. Les forestiers sont habitués à réfléchir sur le temps long. Le changement climatique fait que des certitudes d’hier laissent parfois place à de profondes interrogations, voire de complètes incertitudes. C’est dans ce contexte que nous avons besoin de nous appuyer sur la science pour nous éclairer, autant que cela soit possible, dans nos choix, en tant que propriétaires forestiers, exploitants, entreprises du bois, associations ou citoyens.
Il est vital pour PEFC de prendre en compte toutes les évolutions que nous traversons.
Comment abordez-vous les prochaines étapes de la révision de ces standards ?
Christine de Neuville •
Sereinement. Il est certain que la très grande majorité des participants à ce Forum a parfaitement saisi les enjeux de cette révision des standard PEFC, à savoir : prendre en compte les questions posées par le changement climatique et donc la résilience forestière et prendre en compte l’évolution de la relation de chaque consommateur à la forêt. Mais les deux enjeux vont de concert. Nous devons pouvoir assurer au consommateur que la gestion durable des forêts est bien notre unique objectif. Il ne s’agit pas tant de « faire plus » que surtout de « faire mieux ». Chacun de nous apporte sa vérité forestière. Cette dynamique contribue à une vraie qualité de dialogue. Et l’enjeu final, c’est un ensemble de consensus ou compromis consensuels et l’applicabilité des règles qui vont en découler. Les prochains mois s’annoncent passionnants !